Dossier: La pollution visuelle
Définition:
La pollution visuelle est l'ensemble des dégradations infligées au paysage. Un sac plastique accroché aux branches d'un arbre est un exemple de pollution visuelle. Une série de panneaux de publicitaire également. Mais d'autres contraintes peuvent dégrader les paysages : les lignes à haute tension, les routes et autoroutes,...
Ce dossier ne concerne que l’enlaidissement du paysage par les panneaux publicitaires de grande taille (survoler les images ci-dessous avec la souris pour avoir un aperçu de la situation).
Source de gaspillage papier et de pollution chimique:
Les affiches publicitaires que l'on voit le long des rues sont régulièrement changées, le plus souvent elles sont remplacées chaque semaine. Ainsi, sur la commune de Dijon, c'est plus de 600 affiches de grandes tailles qui sont mises à la poubelle chaque semaine car sur les plus de 440 panneaux publicitaires référencés sur la carte (voir plus bas), une majorité de ceux-ci sont utilisés recto-verso, tandis que les panneaux électriques déroulant contiennent jusqu'à trois affiches. Sachant que le poids d'une affiche est d'environ 120g/m2, cela fait 1440g par affiche. Multiplié par 50 semaines et par 600, cela donne plus de 43 tonnes de déchets papiers produits par ce type de publicité à Dijon ! Et c'est sans parler des nombreux arbres coupés pour produire le papier... Ce calcul approximatif ne tient pas compte de la pollution supplémentaire engendrée par la colle. Une colle qui se retrouve sur les affiches, mais aussi sur le sol comme l'atteste la vidéo ci-contre (bien regarder en bas à gauche de l'affiche), et donc contribue à le polluer. |
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Source de gaspillage électrique:
Un certain nombre de ces panneaux utilisent de l'électricité pour faire dérouler les affiches, De plus, un grand nombres d'affiches sont éclairées soit par l'extérieur avec des spots, soit par l'intérieur grâce à des tubes néons (une source de pollution lumineuse supplémentaire), alors que nous devons tous faire attention à diminuer nos consommations électriques! Selon le Réseau Sortir du Nucléaire, la suppression des panneaux publicitaires déroulants et lumineux permettrait une économie de 200 GWh par an en France, c'est à dire la production d'un réacteur nucléaire de 900 MW pendant plus de 9 jours sans interruption! (cliquer sur les images ci-dessous pour les agrandir).
La situation à Dijon:
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Impossible de traverser la ville de Dijon sans voir des panneaux publicitaires. Impossible d'y échapper comme le montre la carte ci-contre recensant les affichages de grande taille situés sur la commune de Dijon. Chaque jour, tous les Dijonnais, les personnes en transit et les touristes n'ont pas d'autre choix que de regarder ce diaporama version non censuré. Il suffit de se déplacer sur un grand axe pour subir ces incitations à la consommation. Pas moyen d'y échapper, sauf de rester dans l'hyper-centre ou dans quelques rares îlots résidenciels encore préservés.
Sont exclus les panneaux présents sur le sol des communes voisines pour des raisons de clarté, ainsi que les panneaux publicitaires de type "sucette" présents aussi à plusieurs centaines d'exemplaires.
légende:
- arbre à pub: panneau publicitaire sur pied
- mur à pub: panneau publicitaire fixé sur un mur
- arbre à pub électrique: arbre à pub consommant de l'électricité pour mouvoir les affiches
- mur à pub électrique: mur à pub
consommant de l'électricité pour mouvoir les affiches
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Dijon possède 7747 m2 d'emplacements publicitaires fixes en 2008 (l'équivalent de 38 terrains de tennis). Cela lui rapporte près de 19,5 euros par m2, soit environ 151 000 euros par an (environ 0,05% de son budget) .
Dijon est classée "4 fleurs" au concours des villes fleuries. Une petite partie de la note concerne jutement la présence de panneaux publicitaires. Bien que Dijon obtienne la meilleure distinction possible depuis 1992, notre ville serait nettement plus attirante si chaque "arbre à pub" était remplacé par un vrai bel arbre. Un arbre fruitier serait d'ailleurs tout autant nourissant que l'argent reçu pour planter ces panneaux métalliques sur son terrain. En ce qui concerne les affiches murales, celles-ci pourraient être remplacées par des murs végétalisés incomparablement plus beaux (survoler l'image ci-contre avec la souris pour comprendre l'idée), en plus de leurs nombreuses qualités environnementales. Autre avantage de ceux-ci, c'est qu'ils ne sont jamais "taggés" ce qui ferait économiser 240 000 euros par an à la municipalité pour éliminer ces tags, argent qui pourrait être alloué à la mise en place et à l'entretien de cette végétation. |
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Un autre aspect négatif de ces panneaux est lié à leur situation le long des rues. Pour changer régulièrement les affiches, les professionnels n'hésitent pas à garer leur véhicule sur le trottoir ou les pistes cyclables de façon totalement illégale et au mépris des piétons ou des cyclistes qui bien souvent doivent soit slalomer entre le véhicule et un mur, soit doivent passer sur la route au risque de se faire renverser. (cliquer sur l'image ci-contre pour l'agrandir) Tout ça pour de la pub! |
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La position du maire de Dijon:
Lors des élections municipales de mars 2008, un questionnaire avait été envoyé aux candidats. Une question portait sur ce type de pollution : "Il y a plusieurs centaines de panneaux publicitaires de grandes tailles dans la ville de Dijon. Plusieurs villes dans différents pays ont décidé leur interdiction. Que comptez vous faire pour lutter contre cette pollution visuelle ?"
La réponse de Mr Rebsamen, le maire ré-élu : "Ils ont une fonction dans notre ville. Ils permettent ainsi aux habitants d’être informés des grandes manifestations qui se tiennent à Dijon et cela contribue au dynamisme de notre ville. Ils rapportent par ailleurs des recettes à la ville dès lors qu’ils sont implantés sur le domaine public, recettes qui pourraient être utilisées pour agir en faveur de notre environnement !"
Il est important de noter que l'autorisation de mettre ces affichages n'est pas du seul ressort du maire, mais qu'il incombe aussi au préfet.
Petites réflexions sur la publicité:
L'exercice de la publicité tel qu'il est actuellement pratiqué profite peu au petit commerce et aux activités locales ; mais est surtout le vecteur de propagande des grandes firmes multinationales et des acteurs de la grande distribution.
Rappelons que le développement inconsidéré des grandes surfaces nuit à la survie du petit commerce local qui ne peut faute de moyen s'afficher en 4 par 3.
A Dijon, seul le centre ville historique est épargné par ce type de publicité. On peut parler à ce propos de "ségrégation environnementale". Pourquoi, les habitants modestes des quartiers périphériques n'auraient pas droit eux aussi à un cadre de vie de qualité?
Il n'a jamais été prouvé que l'activité économique d'une cité était lié à la publicité extérieure . De nombreuses villes importantes de L'Europe du nord (par exemple Copenhague ou Bergen) ont une économie florissante et ne pratiquent pas la publicité extérieure avec les excès constatés à Dijon. Un autre exemple avec Sao Paulo au brésil où le maire a fait le choix d'interdire et retirer par décret tous les panneaux publicitaires de la ville en 2007. L'argument économique ne saurait justifier la dégradation du cadre de vie des dijonnais.
La publicité déclinée à l'aide des grands médias de masse (TV, affichage, magazines, radios...) est à l'origine de bien des maux des sociétés dites "modernes": surconsommation de biens, de nourriture, notion de "marques", donc surproduction d'énergie, d'où besoin de nucléaire, de plus d'espace, de zones industrielles champignon, etc. La publicité, c'est le carburant de la consommation: lutter contre la publicité, c'est attaquer le mal de la sur-consommation à la source; lutter contre la publicité illégale, c'est défendre l'économie locale contre la délinquance des grandes puissances économiques. Le matraquage publicitaire est arrivé à un tel niveau que si Shakespeare vivait de nos jours il n'écrirait plus "je pense donc je suis", mais "je consomme donc je suis".
Il faut consommer moins. Tout comme le médecin recommande à ses patients trop gros de moins manger pour éviter les ennuis de santé, de plus en plus d'observateurs préconisent d'alléger sans tarder les styles de vie gourmands en ressources pour éviter l'infarctus écologique et social global. Réaliser qu'il y a des limites à ses aspirations matérielles et se contenir relèvent d'une maturité dont l'humanité est encore loin. Il est vrai que le capitalisme tel qu'il se déploie partout n'encourage pas à la retenue, ignore la satiété, fait fi de la parcimonie: seul le chiffre d'affaires et sa croissance comptent. Et c'est justement la pollution visuelle qui empêche de briser ce tabou: réduire la consommation. (Larevuedurable n°13).
Lire aussi le plaidoyer contre l'affichage publicitaire et les dangers de la publicité.
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"La pollution visuelle". Document apportant des éléments d'informations et de réflexions sur la place de la publicité dans les rues de Dijon.
Les différents affichages, l'aspect financier, un problème de stationnement, l'impact sur la sécurité routière et le tourisme, la compétition avec le petit commerce, l'incitation à l'alcoolisme et à la "malbouffe", le développement de frustrations, l'incohérence à propos de la mobilité, la consommation d'énergie, la production de déchets papiers, la pollution lumineuse, le prix du paysage, la mobilisation contre la publicité,... |
Que faire?
Quelques pistes provenant de sites spécialés:
Lutter contre l'affichage extérieur illégal, c'est préserver les paysages et l'indépendance d'esprit. La méthode la plus efficace consiste à agir sur le terrain. Le réveil des consciences doit principalement passer par de l'action individuelle, plus facile, simple et légère à mettre en oeuvre.
-Vous pouvez invitez les parlementaires à la rédaction d'une nouvelle loi réglementant les emplacements des panneaux, comme le proposent les associations de protection de l'environnement.
-Si vous êtes patient et "délateur" dans l'âme, vous pouvez faire tomber les panneaux publicitaires par la voie légale, grâce à la méthode Paysages de France (c'est amusant, voire passionant, mais légèrement absorbant). Pour cela, récupérez le KiVoiTou de cette association: il vous permettra de vous faire une première idée de ce qui est légal et de ce qui ne l'est pas, ou se référer au code de l’envionnement.
-Vous pouvez aidez les acteurs existants : Associez-vous aux groupes citoyens existants : adhérez à Paysage de France, à Résistance à l'Agression Publicitaire (RAP). Joignez-vous à leurs actions. Abonnez-vous à leurs périodiques, discutez sur le forum de la Brigade Anti Pub.
-Si vous apprenez qu'un barbouilleur d'affiches non-violent passe en procès loin de chez vous, manifester votre solidarité en écrivant à la presse, au gouvernement et à la justice que vous considérez son acte comme légitime.
-Demander au maire de Dijon de ré-écrire le vieux réglement local de publicité de Dijon en suivant au minimum les recommandations des associations impliquées sur ce sujet.
Et pour se tenir informé localement:
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